L’organisation vue comme un instrument de domination
Le carcan comme instrument de la domination constitue une des 8 « images (ou métaphores) de l’organisation » de Gareth Morgan.
Cette image de l’entreprise correspond à l’exploitation des personnes.
Les conséquences de cette exploitation sont la souffrance, l’absentéisme, les maladies et accidents de travail, le stress, …
La lutte des classes sociales se situe à cet aspect avec le travail de la majorité ne servant que les intérêts de quelques-uns.
La domination ne se situe pas seulement à l’intérieur des organisations (exploitation du personnel) et mais se retrouve aussi à l’extérieur (pouvoir des multinationales, …).
Organisation et entreprise comme instruments de domination, au service des intérêts d’une élite.

a – S’intéresse aux modalités de l’exploitation de la main d’œuvre :
– Précarité liée au statut d’emploi (filière de travail clandestin, par exemple) et aux filières de sous-traitance
– Nombre d’heures prestées et rythmes de travail
– Conditions physiques de travail (bruit, froid/chaleur, effets de produits toxiques, …)
– Conditions psychologiques (harcèlement, contrôle excessif, stress, …)
b – Trois types de domination bureaucratique (Max Weber) (voir l’article : « L’organisation vue comme un système politique« ):
– Charismatique (qualité personnelle du chef, appareil administratif très souple, peu structuré – disciple). L’obéissance au chef, pas aux règles. Les « faits de guerre » du chef vont lui octroyer une grande valeur.
– Traditionnel (respect de la tradition et du passé, héritage. Appareil administratif: patriarcat ou féodalisme)
– Rationnel-légal (légitimité basée sur lois, règlements et procédures. Appareil administratif: bureaucratie)
c – Exploitation des travailleurs (Karl Marx) :
– Domination dans la recherche de la plus-value et accumulation du capital : les effets sur le rendement des actions (capital) de l’annonce des licenciements et plan de restructuration. Les salaires des « tueurs d’entreprise » sont montrés du doigt et sont considérés comme responsables du malheur des salariés.
d – Domination et statut d’emploi :
– Système différentiel de rang, de privilèges, de droits et d’avantages, de protection
– Ouvriers non qualifiés, ouvriers qualifiés, employés, cadres avec notamment installation de l’OST (Organisation Scientifique du Travail) qui permet une main d’œuvre plus docile, moins qualifiée.
– Nouvelle forme de domination: le statut d’emploi : CDI, CDD, « faux-indépendants », intérimaires, sous-traitants, travailleurs au noir ou permis de travail temporaire
2 – Domination économique
– La domination du commerce mondial par les multinationales.
– Les entreprises asiatiques sur les entreprises européennes
3 – Domination politique
– La recherche du pouvoir dans l’organisation et le détournement du pouvoir au profit d’un petit nombre d’individus
– Liens entre le monde politique et l’économique – l’un au service de l’autre – commission / détournement
4 – Domination idéologique (pensée, mots, sens, ..)
– Pouvoir du dirigeant dépend de la capacité à trouver appui ou légitimation dans les idéologies et les croyances de ceux qu’il dirige
– Pouvoir des sectes et du religieux dans les organisations
– Stratégies de résistances
– Tentatives des employés de s’organiser pour « résister » via syndicats, groupe de soutien,..
– Actions des gouvernements nationaux et instances internationales pour réglementer (travail des enfants, responsabilité sociale)
– Stratégies pour affaiblir ces mouvements d’opposition (délocalisation, fragmentation et externalisation, éclatement des statuts, …..)
Les conséquences psychosociales apparaissent aujourd’hui en plein jour et sont omniprésentes dans les médias d’information. Tous les acteurs (dirigeants, managers, salariés) sont pris dans leurs propres histoires personnelles et celles que les collectifs (société, direction de l’entreprise, ligne hiérarchique,…) veulent leur faire jouer. Ces contradictions peuvent être difficiles à gérer et déstabiliser le socle psychologique de l’individu. Par exemple, un conflit intérieur peut naitre quand les réponses aux demandes faites par le collectif sont vues comme impossibles avec les ressources (matérielles, physiques ou psychiques) dont l’individu estime disposer. On l’appelle alors « stress« .
Le maitre, le tyran, celui qui nous faire souffrir n’est peut-être pas si loin de nous :
Quelques citations de La Boétie issue du « Discours de la servitude volontaire »:
– « Il y a trois sortes de tyrans. Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race. (…) s’ils arrivent au trône par des moyens divers, leur manière de régner est toujours à peu près la même. Ceux qui sont élus par le peuple le traitent comme un taureau à dompter, les conquérants comme leur proie, les successeurs comme un troupeau d’esclaves qui leur appartient par nature. »
– « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. »
– « Pour que les hommes, tant qu’ils sont des hommes, se laissent assujettir, il faut de deux choses l’une : ou qu’ils y soient contraints, ou qu’ils soient trompés. »
– « Nul doute que la nature nous dirige là où elle veut, bien ou mal lotis, mais il faut avouer qu’elle a moins de pouvoir sur nous que l’habitude. »
Pour aller plus loin :
La Boétie
- « Discours de la servitude volontaire » (livre)
- Pour commencer à travailler sur La Boetie (Blog d’étude avec liens)